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Petite mécanique des mots
24 novembre 2007

Galiéni terminus.

Les yeux collés, encore, malgré le jour et le réveil. Presqu’une heure  depuis Sembat, regards croisés à peine. Hoquet de la voiture à la suite de la rame, éclair blanc-bleu au changement d’aiguillage.

Une voix.

Derrière accent de métal et  cache de parasites, humaine, pourtant  :

- « Galienni terminus, descente à gauche.»

Flottement fatal,  ai failli me cogner à la main courante en métal.
Merde, c’est où la gauche ?

QUAI NUMÉRO TROIS, GALLIENI STATION, LIGNE TROIS.

Long quai de bitume noir et comme verni. Trompeuse suavité du propre industriel. Panneaux indicateurs lumineux,  affiches publicitaires, sièges en métal coloré thermo-moulé, identiques et banals. 

Au bout, un escalator étroit et lent.

L’escalier, c’est mieux.

L’effort de trois ou quatre enjambées,  j’arrive aux portes pneumatiques, avant la masse lente et floue des employés de bureau. Toujours ça de gagné ;  l’escalier mécanique qui mène au monde est encore et depuis deux mois en dérangement temporaire pour mieux nous donner satisfaction.

Déjà ça sent novembre, la pluie.

L’autoroute A3 s’égoutte sur la sortie depuis l’autopont.

N'ai pas de parapluie.

Sur le béton de la gare routière,  un abri : le pont. Évitant les cataractes de l’autoroute et longeant au mieux, je devrais limiter les dégats. J’ai zippé mon cuir, ça protège un peu. Il est neuf heures, pas loin, mais il fait gris nuit. Seuls, ça et là, des halos de ville oranges affadissent  la vie après le scalpel cru des néons du tube, histoire d’uniformiser les contours, d’arrondir les angles, de diluer les différences. Un autobus articulé vient de démarrer et me  frôle, négociant son virage. J’aspire les gaz d’échappement. J’accèlère, slalommant autour des gens,insectes rampants. Je vole un peu de chaleur au bidon d’huile percé d' un paki débrouillard.

Incongruïtés de barbecue et de maïs.

Le centre commercial régional est allumé.

Meringue bouffie, tapageusement éclairée.

C’est encore le réassort, les dernières vérifications des porions du commerce. Pas encore la consomation en masse. Une simili colonne Morris, un vendeur de journaux en sentinelle, veille comme un rempart.

Je passe.


L’hôtel de gare clinquant abrite ses touristes asiatiques et pressés.

-«Des chambres pour moins que rien, à deux pas de la gare routière, du métro, des taxis, à vingt minutes de Roissy, à dix du centre de Paris ! »

Si leur pub ne le dit pas c’est vraiment qu’ils se fouttent de leur gueule. Les vitres fumées renvoient mon image tronquée, déformée, réelle.  Les cheveux mouillés, je sens des gouttes dans mon cou. Le groupe des touristes (des japonais, sans doute) sort de l’hôtel avant de s’engouffrer dans le Pullman d’un tour opérator. L'un d'eux, en quête d’exotisme, balaie en panoramique l’avenue Gambetta.

Il ramènera l’image de sa caméra numérique : des boutiques de jeux vidéo , d’informatique et un bar brasserie au pied des immeubles de bureaux.

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